Les
archives du CICR restent une source méconnue et peu utilisée. Numérisées et
consultables en ligne, ce sont près de cinq millions de fiches de prisonniers
et 500.000 pages de registres associés qui peuvent apporter de précieux
renseignements. Quand on sait que, au cours de la première guerre mondiale, dix
millions de personnes – militaires et civiles – furent capturées et internées
dans des camps de détention, on mesure à quel point cette base est d’un intérêt
majeur. En ce qui nous concerne, elle s’est avérée d’une grande utilité pour
identifier de nombreux chasseurs dont nous ne connaissions que le patronyme. En
effet, le journal des marches et opérations du 29ème BCP ne
mentionne, généralement, que le nom de famille des chasseurs blessés, tué ou
disparus. Rarement leurs prénoms. Ce qui rend les recherches extrêmement
compliquées, pour ne pas dire vaines, quand il s’agit de retrouver leurs fiches
matriculaires. Or, suite aux demandes des familles, la Croix Rouge a établi de
nombreuses fiches au sujet de soldats français portés disparus, qu’ils aient
été tués au combat ou qu’ils aient été internés en Allemagne.
Document n°1 |
Document n°2 |
L’adresse
parisienne nous incite plutôt à commencer nos recherches sur Paris. Sur le site
des Archives de Paris on peut consulter les tables numérisées des états
signalétiques et des services militaires de l’ancien département de la Seine.
Sachant que cet Edouard Gervaise est né en 1892 et que l’âge normal du
recrutement étant fixé à vingt ans, c’est la liste alphabétique des conscrits
de l’année 1912 qui nous intéresse. Mais il y a six bureaux de recrutement pour
la Seine. Le deuxième bureau nous livre enfin le matricule – 537 – d’un
Edouard, Alexandre Gervaise. Le seul, dans les tables, à porter le prénom d’Edouard.
Là s’arrête la cherche en ligne car il faut se rendre en salle de lecture, aux
archives de Paris, pour pouvoir consulter les originaux des registres
matricules (sous série D4R1). Le matricule 537 se trouve dans le registre coté
D4R1 1672. Nous pouvons enfin consulter la fiche d’Edouard Gervaise. Documents n°3 et 4.
C’est bien le
chasseur que nous recherchions. Il est né le 25 juillet 1892 à Chenu (Sarthe)
et habite, en 1912, 48 rue de Bourgogne à Paris. Il exerce alors la profession
de valet de chambre. Sa mère, veuve, réside aussi dans la capitale (44 rue du
Bac). Le document nous apprend encore qu’Edouard Gervaise mesure 1,62m, qu’il a
été incorporé au 29e BCP le 8 octobre 1913 et qu’il a disparu
le 23 août 1914 à Audun-le-Roman. On lit ensuite qu’il a été en
captivité à Gragenvorhr, en Allemagne, et qu’il a été rapatrié en France le 26
décembre 1918. La lecture de cette fiche nous apprend encore qu’il a été
employé, après la guerre, aux chemins de fer (homme d’équipe puis aiguilleur).
Enfin, pour achever sa biographie, il suffit de consulter l’état civil numérisé
de Chenu Archives départementales de la Sarthe. Les mentions marginales qui
figurent à côté de son acte de naissance indiquent qu’il s’est marié à Paris,
le 18 octobre 1919, et qu’il y est décédé le 28 avril 1966 (15ème
arr.).
Document n°4 |
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