La 6ème compagnie en 1902 |
Dans le cadre de la préparation de l’édition du journal de guerre d'un officier du 29ème bataillon de chasseurs à pied (août-septembre 1914), un historien consigne ses méthodes, ses pistes, ses sources, pour rassembler le maximum d’informations sur cette unité d’élite. Mais au-delà de ce travail, ce blog a aussi pour but de partager tous les renseignements récoltés au cours de ces investigations. Cette somme d'informations constitue un hommage à tous ces centaines de soldats, souvent très jeunes, blessés, tués, prisonniers ou portés disparus dès les premiers mois de la Grande Guerre.
samedi 4 avril 2015
dimanche 29 mars 2015
Les officiers du 29e BCP au début de la guerre
L’annuaire
officiel de l’armée française pour 1914, édité en décembre 1913,
donne les noms de tous les officiers qui encadraient le 29ème
Bataillon, sept mois avant le début de la grande guerre. Il ne paraitra plus
pendant toute la durée du conflit. Quand on compare cette liste à celle publiée
dans le Journal des marches et opérations de l’unité, au début août 1914, on
constate qu’un certain nombre de changements ont été opérés entre temps. Les
capitaines Gircourt et Cussac, les lieutenants Morot, Roudié et Perotel ont
quitté l’état-major du régiment. Remplacés par le capitaine de réserve Foliguet
et les lieutenants Bon et Itier. Les capitaines de la Laurencie et Haca sont
arrivés en renfort. Les lieutenants Lamorre, Leseurre, Watrin, Muller, Dunoyer
de Segonzac, ont rejoint d’autres unités, tandis que les sous-lieutenants Bertin,
Collignon, Leclercs, Fontes et Moliard ont pris leurs places. Bientôt épaulés
par les lieutenants de réserve, Person, Varenne, Hiolle, Carpentier, Guillaume
et Boutier, rappelés fin juillet. Le médecin major de 2ème classe
est toujours Pierre Balme ; Son adjoint, le médecin aide-major Maire, a
été remplacé par le médecin de réserve Clerget.
Tableau des officiers du 29e
BCP
donné par l’annuaire officiel de l’armée
française pour 1914
Etat-major
Commandant Renouard
(Etienne, Just, Edmond) chef de bataillon
Capitaine major Gircourt
(Charles-Félix) (promu capitaine le 25 septembre 1909).
Capitaine aide-major Cussac
(Antoine-Charles) (promu capitaine le 13 juillet 1902).
Lieutenant trésorier Morot
(Charles-Augustin) (nommé lieutenant le 6 août 1912).
Lieutenant chargé du matériel Roudié (Joseph-Denis) (nommé lieutenant le 1er avril
1907).
Lieutenant chargé de la mobilisation Rouyer (Anatole) (nommé lieutenant le 1er octobre 1911).
Lieutenant délégué au matériel Perotel (Paul-René-Joseph) (nommé lieutenant le 1er
avril 1903).
Médecin major de 2e classe Balme (Pierre-Edouard-Antoine) (nommé médecin major le 23 mars
1912).
Médecin aide-major de 1ère classe Maire (Georges-Louis-François) (nommé
médecin aide-major le 16 janvier 1912).
Capitaines
Zerbini
(Louis-Charles) (promu à ce grade le 24 décembre 1907).
Bied-Charreton
(Ferdinand-Auguste) (promu à ce grade le 26 juin 1911).
Mayerhoeffer
(Henri-Louis) (promu à ce grade le 23 juin 1913).
Jolin
(Louis-Emile) (promu à ce grade le 23 septembre 1913).
Jaubert
(René-Camille) (promu à ce grade le 23 décembre 1913).
Lieutenants
Lamorre
(Jules-François-Ferdinand) (nommé à ce grade le 1er avril
1903).
Lux
(Charles-Léon) (nommé à ce grade le 1er avril 1904).
Bon
(Jacques-Ludovic-Emile) (nommé à ce grade le 1er
octobre 1904).
Leseurre
(Henry) (nommé à ce grade le 1er octobre 1904).
Watrin
(Victor) (nommé à ce grade le 1er avril 1905).
Roussel
(Paul-Louis-Marie) (nommé à ce grade le 1er octobre
1905).
Muller
(Adrien-Louis) (nommé à ce grade le 30 avril 1906).
Dunoyer
de Segonzac (Marie-Joseph-Henri) (nommé à ce grade le 1er
octobre 1908).
Brocard
(Georges-Louis-Marie) (nommé à ce grade le 1er octobre
1910).
de
Colombel (Ernest-Emmanuel-Henri) (nommé à ce grade le 1er
octobre 1910).
Alba
(Pierre) (nommé à ce grade le 1er octobre 1911).
Alombert-Goget
(Pierre-Paul-Etienne) (nommé à ce grade le 1er octobre
1912).
Levacher
(Léon-Claudius) (nommé à ce grade le 1er octobre
1913).
Sous-lieutenant
Bazire
(Achille-Marie-Robert) (nommé à ce grade le 1er
octobre 1913).
Officiers
de réserve
Capitaines : Dupuis
(E.C.P.), Grandjean (J.P.A.).
Lieutenants : Bardoux
(J.L.P.), Boutier (L.F.), Durand (C.E.C.L.), Foliguet (C.D.), Maquaire
(M.A.).
Sous-lieutenants : Alloncle (J.M.A.), Cadoux
(M.L.), Carpentier (F.E.), Cordier
(H.J.J.), Ganeval (M.A.D.), Guillaume (M.N.), Joly (A.E.L.), Lemerle (J.L.), Leroy (R.A.A.), Mauris
(G.E.D.), Person (M.H.A.), Pieton (G.J.), Robida (A.F.H.), Varenne
(G.).
Médecin
de réserve
Médecin aide-major de 2e classe Clerget (Henri-Victor)(nommé à ce grade
le 26 mars 1910).
Médecin
de l’armée territoriale
Médecin aide-major de 1ère classe Dupuis (Maurice-Jules)(nommé à ce grade
le 17 juillet 1908).
lundi 23 mars 2015
mercredi 18 mars 2015
Des nouvelles du chasseur Schweitzer ?
Plusieurs années après la fin de la
guerre, certains parents de soldats disparus n’ont pas rénoncé à connaître les
circonstances exactes du décès de leurs fils avec, on le suppose, l’espérance d’apprendre
où ils ont été inhumés. C’est le cas de la famille du chasseur Charles
Schweitzer, tué en septembre 1914. Dans le numéro 19 de la revue Le Cor de chasse, du 1er
octobre 1925 (page 14), elle fait paraître la petite annonce dont nous
publions une reproduction.
Charles Schweitzer, employé, né à Paris
(16ème) le 6 novembre 1891, est le fils d’un maréchal ferrant
installé 18 rue de Lappe, à Paris (11ème) au moment de la Grande
Guerre. Appelé à effectuer son service militaire au 29ème Bataillon
de chasseurs à pied, à Saint-Mihiel, il arrive au corps le 10 octobre 1912 et s’y
trouve toujours lors de la mobilisation. Soldat de seconde classe à la 4ème
compagnie, il participe aux premiers combats du bataillon, notamment à
Audun-le-Roman, le 22 août, et à la Vaux-Marie, du 7 au 10 septembre 1914. C’est
au cours de cette dernière et sanglante bataille qu’il trouve la mort. Son nom
est porté parmi les soixante-et-un disparus de sa compagnie recensés à l’issue
de ces quatre jours de combats. Pertes considérables quand on sait que cette
compagnie comptait, avant l’engagement, deux-cent-quinze caporaux et chasseurs.
Sur sa fiche matriculaire on fait remonter son décès, avec un erreur de dix
jours, au 20 septembre 1914. Nonobstant, le tribunal de la Seine rendra un
jugement, le 30 mars 1917, retenant cette date erronée qui sera à son tour
retranscrite à l’état-civil du 11ème arrondissement, le 4 mai
suivant. En présence d’une telle confusion il n’est pas étonnant que ses
proches aient cherché à en savoir plus. On a jamais retrouvé le corps du
chasseur Charles Schweitzer. Une simple photographie jaunie et son
signalement noté lors de son recensement (1,67m, cheveux blonds roux, yeux
marrons) sont les seuls élèments qui restent pour en esquisser le portrait.
vendredi 6 mars 2015
Les archives du Comité International de la Croix Rouge
Les
archives du CICR restent une source méconnue et peu utilisée. Numérisées et
consultables en ligne, ce sont près de cinq millions de fiches de prisonniers
et 500.000 pages de registres associés qui peuvent apporter de précieux
renseignements. Quand on sait que, au cours de la première guerre mondiale, dix
millions de personnes – militaires et civiles – furent capturées et internées
dans des camps de détention, on mesure à quel point cette base est d’un intérêt
majeur. En ce qui nous concerne, elle s’est avérée d’une grande utilité pour
identifier de nombreux chasseurs dont nous ne connaissions que le patronyme. En
effet, le journal des marches et opérations du 29ème BCP ne
mentionne, généralement, que le nom de famille des chasseurs blessés, tué ou
disparus. Rarement leurs prénoms. Ce qui rend les recherches extrêmement
compliquées, pour ne pas dire vaines, quand il s’agit de retrouver leurs fiches
matriculaires. Or, suite aux demandes des familles, la Croix Rouge a établi de
nombreuses fiches au sujet de soldats français portés disparus, qu’ils aient
été tués au combat ou qu’ils aient été internés en Allemagne.
Document n°1 |
Document n°2 |
L’adresse
parisienne nous incite plutôt à commencer nos recherches sur Paris. Sur le site
des Archives de Paris on peut consulter les tables numérisées des états
signalétiques et des services militaires de l’ancien département de la Seine.
Sachant que cet Edouard Gervaise est né en 1892 et que l’âge normal du
recrutement étant fixé à vingt ans, c’est la liste alphabétique des conscrits
de l’année 1912 qui nous intéresse. Mais il y a six bureaux de recrutement pour
la Seine. Le deuxième bureau nous livre enfin le matricule – 537 – d’un
Edouard, Alexandre Gervaise. Le seul, dans les tables, à porter le prénom d’Edouard.
Là s’arrête la cherche en ligne car il faut se rendre en salle de lecture, aux
archives de Paris, pour pouvoir consulter les originaux des registres
matricules (sous série D4R1). Le matricule 537 se trouve dans le registre coté
D4R1 1672. Nous pouvons enfin consulter la fiche d’Edouard Gervaise. Documents n°3 et 4.
C’est bien le
chasseur que nous recherchions. Il est né le 25 juillet 1892 à Chenu (Sarthe)
et habite, en 1912, 48 rue de Bourgogne à Paris. Il exerce alors la profession
de valet de chambre. Sa mère, veuve, réside aussi dans la capitale (44 rue du
Bac). Le document nous apprend encore qu’Edouard Gervaise mesure 1,62m, qu’il a
été incorporé au 29e BCP le 8 octobre 1913 et qu’il a disparu
le 23 août 1914 à Audun-le-Roman. On lit ensuite qu’il a été en
captivité à Gragenvorhr, en Allemagne, et qu’il a été rapatrié en France le 26
décembre 1918. La lecture de cette fiche nous apprend encore qu’il a été
employé, après la guerre, aux chemins de fer (homme d’équipe puis aiguilleur).
Enfin, pour achever sa biographie, il suffit de consulter l’état civil numérisé
de Chenu Archives départementales de la Sarthe. Les mentions marginales qui
figurent à côté de son acte de naissance indiquent qu’il s’est marié à Paris,
le 18 octobre 1919, et qu’il y est décédé le 28 avril 1966 (15ème
arr.).
Document n°4 |
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