Dans le cadre de la préparation de l’édition du journal de guerre d'un officier du 29ème bataillon de chasseurs à pied (août-septembre 1914), un historien consigne ses méthodes, ses pistes, ses sources, pour rassembler le maximum d’informations sur cette unité d’élite. Mais au-delà de ce travail, ce blog a aussi pour but de partager tous les renseignements récoltés au cours de ces investigations. Cette somme d'informations constitue un hommage à tous ces centaines de soldats, souvent très jeunes, blessés, tués, prisonniers ou portés disparus dès les premiers mois de la Grande Guerre.

dimanche 29 mars 2015

Les officiers du 29e BCP au début de la guerre




L’annuaire officiel de l’armée française pour 1914, édité en décembre 1913, donne les noms de tous les officiers qui encadraient le 29ème Bataillon, sept mois avant le début de la grande guerre. Il ne paraitra plus pendant toute la durée du conflit. Quand on compare cette liste à celle publiée dans le Journal des marches et opérations de l’unité, au début août 1914, on constate qu’un certain nombre de changements ont été opérés entre temps. Les capitaines Gircourt et Cussac, les lieutenants Morot, Roudié et Perotel ont quitté l’état-major du régiment. Remplacés par le capitaine de réserve Foliguet et les lieutenants Bon et Itier. Les capitaines de la Laurencie et Haca sont arrivés en renfort. Les lieutenants Lamorre, Leseurre, Watrin, Muller, Dunoyer de Segonzac, ont rejoint d’autres unités, tandis que les sous-lieutenants Bertin, Collignon, Leclercs, Fontes et Moliard ont pris leurs places. Bientôt épaulés par les lieutenants de réserve, Person, Varenne, Hiolle, Carpentier, Guillaume et Boutier, rappelés fin juillet. Le médecin major de 2ème classe est toujours Pierre Balme ; Son adjoint, le médecin aide-major Maire, a été remplacé par le médecin de réserve Clerget.

Tableau des officiers du 29e BCP
donné par l’annuaire officiel de l’armée française pour 1914

Etat-major

Commandant Renouard (Etienne, Just, Edmond) chef de bataillon
Capitaine major Gircourt (Charles-Félix) (promu capitaine le 25 septembre 1909).
Capitaine aide-major Cussac (Antoine-Charles) (promu capitaine le 13 juillet 1902).
Lieutenant trésorier Morot (Charles-Augustin) (nommé lieutenant le 6 août 1912).
Lieutenant chargé du matériel Roudié (Joseph-Denis) (nommé lieutenant le 1er avril 1907).
Lieutenant chargé de la mobilisation Rouyer (Anatole) (nommé lieutenant le 1er octobre 1911).
Lieutenant délégué au matériel Perotel (Paul-René-Joseph) (nommé lieutenant le 1er avril 1903).
Médecin major de 2e classe Balme (Pierre-Edouard-Antoine) (nommé médecin major le 23 mars 1912).
Médecin aide-major de 1ère classe Maire (Georges-Louis-François) (nommé médecin aide-major le 16 janvier 1912).

Capitaines

Zerbini (Louis-Charles) (promu à ce grade le 24 décembre 1907).
Bied-Charreton (Ferdinand-Auguste) (promu à ce grade le 26 juin 1911).
Mayerhoeffer (Henri-Louis) (promu à ce grade le 23 juin 1913).
Jolin (Louis-Emile) (promu à ce grade le 23 septembre 1913).
Jaubert (René-Camille) (promu à ce grade le 23 décembre 1913).

Lieutenants

Lamorre (Jules-François-Ferdinand) (nommé à ce grade le 1er avril 1903).
Lux (Charles-Léon) (nommé à ce grade le 1er avril 1904).
Bon (Jacques-Ludovic-Emile) (nommé à ce grade le 1er octobre 1904).
Leseurre (Henry) (nommé à ce grade le 1er octobre 1904).
Watrin (Victor) (nommé à ce grade le 1er avril 1905).
Roussel (Paul-Louis-Marie) (nommé à ce grade le 1er octobre 1905).
Muller (Adrien-Louis) (nommé à ce grade le 30 avril 1906).
Dunoyer de Segonzac (Marie-Joseph-Henri) (nommé à ce grade le 1er octobre 1908).
Brocard (Georges-Louis-Marie) (nommé à ce grade le 1er octobre 1910).
de Colombel (Ernest-Emmanuel-Henri) (nommé à ce grade le 1er octobre 1910).
Alba (Pierre) (nommé à ce grade le 1er octobre 1911).
Alombert-Goget (Pierre-Paul-Etienne) (nommé à ce grade le 1er octobre 1912).
Levacher (Léon-Claudius) (nommé à ce grade le 1er octobre 1913).

Sous-lieutenant

Bazire (Achille-Marie-Robert) (nommé à ce grade le 1er octobre 1913).

Officiers de réserve

Capitaines : Dupuis (E.C.P.), Grandjean (J.P.A.).

Lieutenants : Bardoux (J.L.P.), Boutier (L.F.), Durand (C.E.C.L.), Foliguet (C.D.), Maquaire (M.A.).

Sous-lieutenants : Alloncle (J.M.A.), Cadoux (M.L.), Carpentier (F.E.), Cordier (H.J.J.), Ganeval (M.A.D.), Guillaume (M.N.), Joly (A.E.L.), Lemerle (J.L.), Leroy (R.A.A.), Mauris (G.E.D.), Person (M.H.A.), Pieton (G.J.), Robida (A.F.H.), Varenne (G.).

Médecin de réserve

Médecin aide-major de 2e classe Clerget (Henri-Victor)(nommé à ce grade le 26 mars 1910).

Médecin de l’armée territoriale

Médecin aide-major de 1ère classe Dupuis (Maurice-Jules)(nommé à ce grade le 17 juillet 1908).



mercredi 18 mars 2015

Des nouvelles du chasseur Schweitzer ?




  Plusieurs années après la fin de la guerre, certains parents de soldats disparus n’ont pas rénoncé à connaître les circonstances exactes du décès de leurs fils avec, on le suppose, l’espérance d’apprendre où ils ont été inhumés. C’est le cas de la famille du chasseur Charles Schweitzer, tué en septembre 1914. Dans le numéro 19 de la revue Le Cor de chasse, du 1er octobre 1925 (page 14), elle fait paraître la petite annonce dont nous publions une reproduction.
Charles Schweitzer, employé, né à Paris (16ème) le 6 novembre 1891, est le fils d’un maréchal ferrant installé 18 rue de Lappe, à Paris (11ème) au moment de la Grande Guerre. Appelé à effectuer son service militaire au 29ème Bataillon de chasseurs à pied, à Saint-Mihiel, il arrive au corps le 10 octobre 1912 et s’y trouve toujours lors de la mobilisation. Soldat de seconde classe à la 4ème compagnie, il participe aux premiers combats du bataillon, notamment à Audun-le-Roman, le 22 août, et à la Vaux-Marie, du 7 au 10 septembre 1914. C’est au cours de cette dernière et sanglante bataille qu’il trouve la mort. Son nom est porté parmi les soixante-et-un disparus de sa compagnie recensés à l’issue de ces quatre jours de combats. Pertes considérables quand on sait que cette compagnie comptait, avant l’engagement, deux-cent-quinze caporaux et chasseurs. Sur sa fiche matriculaire on fait remonter son décès, avec un erreur de dix jours, au 20 septembre 1914. Nonobstant, le tribunal de la Seine rendra un jugement, le 30 mars 1917, retenant cette date erronée qui sera à son tour retranscrite à l’état-civil du 11ème arrondissement, le 4 mai suivant. En présence d’une telle confusion il n’est pas étonnant que ses proches aient cherché à en savoir plus. On a jamais retrouvé le corps du chasseur Charles Schweitzer. Une simple photographie jaunie et son signalement noté lors de son recensement (1,67m, cheveux blonds roux, yeux marrons) sont les seuls élèments qui restent pour en esquisser le portrait.

vendredi 6 mars 2015

Les archives du Comité International de la Croix Rouge




  Les archives du CICR restent une source méconnue et peu utilisée. Numérisées et consultables en ligne, ce sont près de cinq millions de fiches de prisonniers et 500.000 pages de registres associés qui peuvent apporter de précieux renseignements. Quand on sait que, au cours de la première guerre mondiale, dix millions de personnes – militaires et civiles – furent capturées et internées dans des camps de détention, on mesure à quel point cette base est d’un intérêt majeur. En ce qui nous concerne, elle s’est avérée d’une grande utilité pour identifier de nombreux chasseurs dont nous ne connaissions que le patronyme. En effet, le journal des marches et opérations du 29ème BCP ne mentionne, généralement, que le nom de famille des chasseurs blessés, tué ou disparus. Rarement leurs prénoms. Ce qui rend les recherches extrêmement compliquées, pour ne pas dire vaines, quand il s’agit de retrouver leurs fiches matriculaires. Or, suite aux demandes des familles, la Croix Rouge a établi de nombreuses fiches au sujet de soldats français portés disparus, qu’ils aient été tués au combat ou qu’ils aient été internés en Allemagne.

 
Document n°1
Prenons un exemple. Dans le JMO du 29e BCP, le chasseur Gervaise (sans indication de prénom), de la 6ème compagnie, est noté parmi les disparus de la journée du 22 août 1914. En cherchant dans les fiches du CICR, au nom de Gervaise, on en trouve une concernant un certain Gervaise Edouard, soldat au 29 chass. à pied, 6ème [compagnie]. » Document n°1 Sur cette fiche figurent plusieurs références qui renvoient vers des listes de prisonniers. Sur l’une de ces listes on trouve des informations plus précises sur le prisonnier en question. Document n°2 : Il appartient au 29ème Bataillon de chasseurs à pied, 6ème compagnie, a été capturé le 23.08.1914 à Choupecourt (Joppécourt) et est né le 25.07.1892 à Chenu. Enfin, est notée l’adresse d’un correspondant en France : Mme Gervaise 44, rue du Bac à Paris. Chenu est une commune de la Sarthe. 
 

Document n°2
L’adresse parisienne nous incite plutôt à commencer nos recherches sur Paris. Sur le site des Archives de Paris on peut consulter les tables numérisées des états signalétiques et des services militaires de l’ancien département de la Seine. Sachant que cet Edouard Gervaise est né en 1892 et que l’âge normal du recrutement étant fixé à vingt ans, c’est la liste alphabétique des conscrits de l’année 1912 qui nous intéresse. Mais il y a six bureaux de recrutement pour la Seine. Le deuxième bureau nous livre enfin le matricule – 537 – d’un Edouard, Alexandre Gervaise. Le seul, dans les tables, à porter le prénom d’Edouard. Là s’arrête la cherche en ligne car il faut se rendre en salle de lecture, aux archives de Paris, pour pouvoir consulter les originaux des registres matricules (sous série D4R1). Le matricule 537 se trouve dans le registre coté D4R1 1672. Nous pouvons enfin consulter la fiche d’Edouard Gervaise. Documents n°3 et 4. 
 
Document n°3
 C’est bien le chasseur que nous recherchions. Il est né le 25 juillet 1892 à Chenu (Sarthe) et habite, en 1912, 48 rue de Bourgogne à Paris. Il exerce alors la profession de valet de chambre. Sa mère, veuve, réside aussi dans la capitale (44 rue du Bac). Le document nous apprend encore qu’Edouard Gervaise mesure 1,62m, qu’il a été incorporé au 29e BCP le 8 octobre 1913 et qu’il a disparu le 23 août 1914 à Audun-le-Roman. On lit ensuite qu’il a été en captivité à Gragenvorhr, en Allemagne, et qu’il a été rapatrié en France le 26 décembre 1918. La lecture de cette fiche nous apprend encore qu’il a été employé, après la guerre, aux chemins de fer (homme d’équipe puis aiguilleur). Enfin, pour achever sa biographie, il suffit de consulter l’état civil numérisé de Chenu Archives départementales de la Sarthe. Les mentions marginales qui figurent à côté de son acte de naissance indiquent qu’il s’est marié à Paris, le 18 octobre 1919, et qu’il y est décédé le 28 avril 1966 (15ème arr.).

Document n°4